D’abord adolescente décomplexée, puis sirène citadine ou policière enquêtrice, l’artiste joue, avec aisance, des personnages aux antipodes les uns des autres. Rencontre avec une contorsionniste du cinéma français.
Humour, audace et sympathie, la rencontre avec Marilyn Lima laisse transparaître une jeune femme simple, dont la légèreté et la répartie se marient avec un talent inné. Inné, car rien ne prédestinait la Bordelaise à choisir cette voie. C’est lors d’une exposition que la réalisatrice Eva Husson tombe sur un cliché de Marilyn – qui, pour l’anecdote, ignorait même être présente au sein des tirages. Alors qu’elle cherche le premier rôle de son film Bang Gang, le coup de foudre est immédiat : le rôle de George, 16 ans, en quête d’expérience sexuelle et de jeux érotiques au sein des quartiers chics de Biarritz, sera pour Marilyn. Un premier rôle cru, pour une actrice qui trouve parfaitement sa place devant les caméras, et avoue même « ne jamais se trouver plus naturelle et véritable que sur un plateau ». Certaines carrières semblent toutes tracées. Magnétique, Marilyn n’a pas le temps : nominée aux Césars 2017 au bras de Marion Cotillard, vedette de la série Skam qui a battu des records d’audience, premier rôle dans Une sirène à Paris de Mathias Malzieu, enquêtrice dans la série J’ai menti… Nous avons voulu en savoir plus sur cet électron libre. Rencontre.
Interview Camille Laurens
Photographe : Anaël Boulay
MUA : Marie Baillon
Styliste : Thibault Leroy

Tu as débuté en tant que modèle photo, pour finalement devenir comédienne, un peu par hasard. Dans quel domaine es-tu à l’aise ?
Étrangement, je suis assez mal à l’aise en shooting. Comme modèle, je ne m’y retrouve pas. L’objectif braqué sur moi en gros plan… Alors qu’en tournage, le but est d’oublier la caméra ! Les plateaux m’ont attirée. La magie du « Action » est inestimable pour moi. Le monde s’arrête.
Ton premier rôle était celui d’une adolescente de 16 ans, qui repousse les limites de la sexualité…
C’est assez paradoxal, car je suis arrivée sur ce tournage à 18 ans, pleine d’innocence. Tout était nouveau pour moi. Je n’étais pas pudique du tout, et j’avais cette insouciance de me laisser guider par Eva Husson. Tout s’est fait à l’instinct ; je n’ai jamais pris de cours de théâtre. Quand la caméra tourne, je coupe avec le réel et je deviens le personnage. Quand on dit « Coupez », je me demande comment j’ai fait ! Il y a aussi la confiance des réalisateurs qui nous confient une clé ; je ne veux pas les décevoir donc je donne tout…
Quels rôles aimes-tu incarner ?
Tous ! En ce moment, je joue une enquêtrice dans une série. Quitter les adolescentes pour des rôles de femmes fortes me plaît beaucoup. J’ai envie d’incarner des rebelles, de me rouler par terre avec des armes dans les mains… Depuis peu, je cherche des formations de cascadeuse pour avoir une vraie légitimité en baston. Surtout que dans la vie réelle, je suis très zen !

Y a-t-il des comédien.nes dont tu apprécies particulièrement la polyvalence ?
Oui. En 2017, j’ai été présélectionné aux espoirs des Césars et il s’avère que ma marraine à cette soirée n’était autre que Marion Cotillard. De Taxi à Batman, Marion Cotillard est un vrai caméléon. Elle a une palette de jeux fascinante.
Avec quel réalisateur rêverais-tu de tourner ?
Sans hésitation, Alain Chabat ! La comédie m’attire beaucoup. Je suis morte de rire devant Rrrrrrr, Didier… En matière de comédie, j’adore aussi Dikkenek, avec Marion Cotillard, d’ailleurs…
Quelle spectatrice es-tu ?
À un moment, je n’arrivais plus à regarder un film sans imaginer les coulisses, les caméras, les flashs, les plans, les séquences, l’équipe quand on passe de l’autre côté du décor. Heureusement, aujourd’hui, ce sentiment d’ultra-réalisme s’estompe, et la magie du cinéma revient peu à peu. En ce moment, je regarde plus de séries que de films : Family Business, La flamme, La Casa De Papel, Squid Game… Tout y passe ! D’ailleurs, je n’ai pas du tout accroché avec Squid Game, qui est trop sombre pour moi.
Quels films t’ont marquée ?
Mister Nobody, Big Eyes, Big Fish, L’étrange histoire de Benjamin Button, Amélie Poulain… Tous ces imaginaires qui pourraient presque être réels, avec un mélange des genres. Le rôle de la sirène dans Une sirène à Paris me convenait parfaitement. En revanche, je déteste les films d’horreur, les scènes traumatisantes…

Y a-t-il des personnalités en particulier qui ont marqué ta jeunesse ?
S’il y a bien quelqu’un qui m’a toujours influencée, ou disons plutôt qui m’a toujours inspirée : ma douce maman. Sans elle, ma vie ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Ma mère est mon exemple de force, de combativité. Peu importe ce qu’il se passe dans sa vie, elle se relève toujours, et cela m’impressionne.
Comment gères-tu ton rapport aux réseaux sociaux ?
J’y passe moins de temps qu’avant. Mes mains sont plus occupées par des livres et des stylos que par mon téléphone. Mais j’aime toujours autant partager des petits moments de mon quotidien avec mes followers. Voir que je peux leur apporter un peu de douceur, de joie, ça me touche à chaque fois. Je n’ai toujours reçu que de l’amour sur les réseaux et j’aime en partager. Je pense que quand on sait bien s’en servir, que l’on se protège et que l’on ne laisse pas notre téléphone nous manger les mains, c’est plutôt chouette, les réseaux !
Quels sont tes projets ?
J’ai beaucoup de projets, mais il est trop tôt pour en parler… En attendant, je profite de la vie, je ne me mets aucune pression et je compte sur la loi de l’attraction, sans me laisser happer par le stress. La vie est belle, surtout depuis que j’ai déménagé au Pays Basque, à une minute de la mer et des montagnes. La nature fait partie intégrante de mon quotidien. Cet hiver, j’accompagne mon chéri au ski. Sur place, c’est randonnée, sport et healthiness. Surtout, marcher seule dans les montagnes, personne pour m’embêter, et une sensation de liberté totale…


